UNE COLLABORATION AVEC DELPHINE CHANET POUR RACONTER UNE JOURNÉE D’ÉTÉ DANS LE PROJET AUTANT EN EMPORTE LE VENT.

« La maison est différente des autres, presque indépendante tout au bout de la rue. Tout en métal, d’un blanc immaculé elle découpe le ciel avec un enthousiasme qui donne envie de mordre. Le jardin est minuscule, ouvert sur un croisement de route, mais dense et odorant. Elle fait quelques pas japonais et tend la main pour récupérer les clefs sous un pot de fleur. Elle traverse le cadre orange qui colore doucement sa peau et entre à l’intérieur.
À la chaleur pénible de l’extérieur, succède une tiédeur étouffante, qui sent le bois.
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Ludivine récupère un verre dans la cuisine et le remplit au robinet avant de le boire d’une traite. Il fait déjà meilleur. Elle avance dehors dans l’herbe et observe que la maison s’incline doucement, comme si le courant d’air qui la traverse avait fait ployer cette grande cabane. Le métal qui la recouvre est net et précis, dur comme une carrosserie auto-mobile, mais il ondule comme le tissu plissé de sa robe. Elle traverse le jardin, repasse sur l’arrière et observe avec attention la façade inclinée en inclinant sa tête dans un même mouvement mimétique.
« Une maison qui s’incline en mon honneur » sourit-elle…
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Ludivine tourne sur elle même et vient s’allonger dans l’herbe à côté de Camille. Et dans le reflet triangulaire de la fenêtre de la maison, les corps se reflètent. L’image est découpée, abstraite et vivante à la fois. Le bois de la charpente se confond avec le jardin, le vert avec la peau, l’éclat ombré et brillant du vitrage avec le rouge de ses lèvres et le flot de leurs cheveux dégage les visages rêveurs, libres et lumineux des deux filles. »

Texte issu du récit Les vacances de Ludivine, 2022 – elua®